8 décembre 2015 Hommage à Philippe Avron
Philippe Avron : Né dans une famille de marins, Philippe Avron a vécu son enfance en bourlinguant entre Le Croisic, Concarneau, Le Havre, Bordeaux… et Saint-Malo, où il fut scout. Éducateur et écrivain pour la jeunesse, et après avoir passé une licence en droit et un certificat de psychologie de l'adolescence, il devient éducateur dans un centre de rééducation pour enfants caractériels.
Durant ses loisirs, il se met à l'écriture. Sa période de scoutisme et
le terrible incendie en forêt des Landes auquel il avait participé avec une
colonie, lui inspirent un roman, Patrouille ardente. Il écrit aussi Le Coup
d'envoi, pour exprimer, dira-t-il, les contacts qu'il avait eus, « au titre de la liberté surveillée, dans les quartiers
les plus pouilleux de Bordeaux, avec des adolescents désaxés, des cas sociaux,
des bandes… » et La Fringante, un roman inspiré par sa jeunesse
passée en bordure de mer.
Parcours d’un homme de théâtre : Il se tourne aussi vers le théâtre en
cherchant « des méthodes psychomotrices
nouvelles », pour sa profession d'éducateur. Il entre alors en contact avec
Jacques
Lecoq, un acteur qui arrive du Piccolo Teatro de Milan et veut créer sa
propre école de comédiens. Philippe Avron devient son élève ; par la
suite il a toujours témoigné pour lui d'une grande admiration et a plus tard
enseigné dans son école. Rapidement, le talent de Philippe Avron est repéré et
on le voit apparaître dans de plus en plus souvent sur la scène. Découvrant le théâtre à
Avignon en assistant à une représentation d'Antigone de Sophocle,
montée par Jean
Vilar, il rejoint ce dernier et entre 1960 et 1964, joue au TNP
dans des pièces de Carlo Goldoni, de Lope de Vega, de Molière
« Mon plus beau souvenir de cette époque est celui du
Festival d'Avignon où nous jouions Les Rustres, de nuit, en plein air… La fête,
l'extraordinaire cortège vénitien, la mise en scène unique de Vilar, la musique
de Maurice Jarre, qui a orchestré tant de films à Hollywood… »
Philippe Avron
poursuit sa carrière théâtrale, dirigé par les plus grands metteurs en scène (André Barsacq,
Peter Brook, Benno Besson, Roger Planchon, etc.). Il interprète
quelques personnages majeurs du répertoire : Hamlet, Sganarelle puis Don Juan,
etc.
L’association des Amis de Philippe Avron de retour à
Bourges : Philippe Avron, auteur interprète souvent accueilli à Bourges à
l’invitation de Double
Coeur, est décédé en août 2010.
Cinq ans plus tard, son souvenir demeure vivant. Images et textes
viendront raviver sa mémoire…
L’association des Amis de
Philippe Avron a publié récemment, aux éditions l’avant-scène théâtre, ses « Carnets
d’artiste 1956/2010 », 300 pages issues des 19.000 feuillets
retrouvés après sa mort. Ecrits singuliers et exceptionnels sur sa vie, son
métier, ses rêves, ses espoirs, ses angoisses et sa relation exceptionnelle
avec sa femme Ophelia.
Lors de cette soirée
d’images et de textes, des extraits de ces «Carnets » seront lus par Lazare Herson-Macarel, comédien et metteur en
scène, membre du Nouveau Théâtre Populaire.
Jean-Gabriel Carasso, réalisateur et complice amical de Philippe
Avron, présentera son film sur « Montaigne,
Shakespeare et moi », dernier spectacle de Philippe Avron, tourné en cours de travail
quelques semaines avant sa création au Festival
d’Avignon.
Association
: LES AMIS DE PHILIPPE AVRON.
Objet :
sauvegarder et diffuser la mémoire de Philippe Avron,
Siège
social : 20, rue de la Justice, 75020 Paris
Carnets d'artiste (1956/2010) et un DVD : « Je n’écris pas avec un plan, un objet, une discipline, des
horaires. J’écris tout le temps, avec le
chauffeur de taxi, sous le regard d’Ophélia, dans les revues sexy, dans les
rues à chiens. J’écris en lisant Reeves, Jacob, Duras. J’écris en ayant peur à
l’Odéon de ce public dans lequel je baigne, comme si c’était moi qui allait
jouer cette pièce que je vais voir. J’écris la nuit avant de dormir, comme un
aveugle parce que ma nuit est déjà commencée, mais que la frontière laisse
apparaître des images qui sont peut-être des idées. J’écris en train, en hôtel,
en coulisses, au café, surtout au café le matin quand les idées sont fraîches,
qu’elles ont envie de galoper. Je ne veux pas l’image d’abord. Je veux l’idée
et après les images » Philippe AVRON 2 décembre 1984
Philippe
Avron, auteur interprète, homme d’une rare générosité publique, d’une
luminosité rayonnante, fut un exceptionnel « passeur d’humanité ». Tout au long
de sa vie, il n'a cessé de remplir des "carnets" personnels, espérant
un jour réaliser une publication. Parce qu’il n’a pas eu le temps de mener à
bien ce projet ; parce que ces textes représentent une mine de témoignages et
de réflexions sur la vie d’un artiste et sur sa vie d’homme ; parce qu’ils
constituent un autoportrait inattendu, mais qu’ils tracent aussi l’histoire
d’une époque, nous avons voulu faire aboutir son travail, dans la plus grande
fidélité à son esprit, en offrant au lecteur l’essentiel de ces Carnets, pour un
voyage exceptionnel sur ce «bateau-vie ».
(Ouvrage
publié avec le soutien de la SACD)
Lazare
Herson-Macarel :
Formation en Classe Libre au cours Florent puis au
Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique sous la direction de Daniel Mesguich
et de Nada
Strancar (promotion 2014).
il a joué notamment sous la direction de
Léo Cohen-Paperman : Tête d’Or Claudel/Le
Crocodile, d’après Dostoïevski),
Nicolas Liautard (Amerika,
Kafka; L’Avare, Molière),
Olivier Py (Faust
Nocturne),
Sophie Guibard (Vanghel,
Jacques Jouet),
Jean-Pierre Garnier
(Lorenzaccio et La Coupe et les lèvres, Musset),
Benjamin Porée (Platonov,
Tchekhov)
John Malkovich (Les
Liaisons dangereuses, d’après Choderlos de Laclos).
Directeur de
la compagnie de la jeunesse aimable depuis 2003, il est l’auteur de six pièces
de théâtre dont L’enfant meurtrier – pour lequel il a reçu les
encouragements du Centre National du Théâtre. Il met en scène ce
texte au Théâtre
de l’Odéon (Ateliers Berthier) dans le cadre du Festival Impatience
(2009). Il met en scène également ses adaptations du Chat Botté et
de Peau d’Ane, créées au Maroc en 2010, puis en tournée en France et
Falstaff de Valère Novarina au Festival d'Avignon (2014)
A
SAUTS ET A GAMBADES
Salut à
Philippe Avron par Jacques Téphany
Philippe Avron nous a quittés après un dernier
tour de piste à la fois magnifique et tragique. Nous garderons le souvenir de
ces spectateurs en larmes, conscients d’assister à ses adieux à la scène, à
Avignon, à la vie. Dans le jardin du Théâtre des Halles qu’il a tant aimé, sous
ces frondaisons où l’on se souvenait des combats d’un certain saumon, il nous a
donné, l’été dernier, une leçon d’humanité et de courage, et aussi de
désintéressement et d’humilité. Son sourire ne cesse de nous habiter, empreint
d’une infinie tristesse en ces derniers instants de son séjour à nos côtés,
mais sourire toujours juvénile, malin, pétillant, rêveur, indulgent, insolent,
amical, ravageur…, tout cela à la fois et plus encore. Et puis il y avait
aussi la distinction de toute sa
personne, et encore celle de sa diction, rapide, précise, nous offrant à foison
des gerbes d’intelligence familière et d’une si parfaite élégance. Philippe
Avron avait des élans de mémoire comme on a des élans du cœur. Cœur et mémoire
étaient chez lui immenses…
(texte publié dans les
Cahiers Jean Vilar n° 111)