L’identité nationale
Je ne suis pas un gourou, non plus un intello je
l’espère du "prêt à penser. Tout juste un saltimbanque délivré des jeux du
cirque"… Ceci dit pour prévenir mon lecteur éventuel que mes propos ne
sollicitent que son amitié autour de questions qui me tourmentent et sur
lesquelles je serai heureux d’avoir son avis.
***
Les vieux Berruyers, comme moi, se souviennent de la
première phrase prononcée par le général de Gaulle, lors de sa visite à la
"Maison" au printemps 1964.
« La Culture est la condition de la
civilisation. »
Majesté du vocabulaire. Somptueux énoncé d’une politique à
promouvoir. André Malraux précisera : « autre chose que la politique
dans le domaine de l’esprit »… Nous disions, nous, la piétaille sur
le terrain : « l’Action Culturelle. »
Comment ne pas rapporter la formule du général de
Gaulle à une autre fameuse première phrase, celle des "Mémoires",
« Je me suis toujours fait une certaine idée de
la France. »
Ici
encore tous les mots sont au singulier, le verbe être est au présent la parole
est personnelle… et impersonnelle, portée par la conscience ? le
désir ? l’ambition ? le rêve ? d’exprimer tout un peuple…
Ce brin de mémoire me revient à propos du
débat (mal) engagé par nos gouvernants d’aujourd’hui sur l’identité
nationale…
Pour ceux qui n’ont pas encore lu le grand ouvrage
de l’historien Fernand Braudel qui porte ce titre Identité nationale
relève plutôt d’un vocabulaire devenu policier, de surveillance, de contrôle,
et pour finir de ségrégation… Naguère on
disait « l’Âme », la « Patrie », la
« République »,… « une certaine idée »… « Douce
France » chantait Charles Trenet et Jean Ferrat, tout simplement, « Ma
France »…
Etre Français n’est probablement pas réductible à un dénominateur
commun.
Montaigne (un certain Français, non ?) au
chapitre de l’institution des enfants rappelle qu’on demandait à Socrate
d’où il était. Il ne répondit pas « d’Athènes » mais « du
monde. »
Gabriel Monnet
Favas-les-Plantiers
19 février 2010