Le rêve d’une culture partagée : une aventure havraise


« Le rêve d’une culture partagée : une aventure havraise »


Et si on réinventait les Maisons de la Culture ?

FILM - DEBAT
Mercredi 17 mai 2017 
19h30 Bourges F.O.L. du Cher (rue Samson)

ATTENTION SOIREE RESERVEE AUX ADHERENTS DE DOUBLE CŒUR




Dès 1959, avec la création du Ministère des Affaires Culturelles, André Malraux souhaite engager une politique de démocratisation de la culture sur tout le territoire. Le projet des Maisons de la Culture résulte de cette volonté de « rendre accessible les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français » ainsi que cela sera énoncé dans le décret fondateur du Ministère du 24 Juillet 1959. L’ambition de Malraux est de doter chaque département de sa propre Maison de la Culture afin de lutter contre l’hégémonie culturelle de la capitale. La Maison du Havre sera inaugurée en 1961.

A l’occasion des cinquante ans de l’établissement havrais, Laurent Mathieu et Christian Clères ont réalisé un film documentaire dévoilant « une histoire passionnante, racontée par les acteurs de chaque époque et illustrée d’images souvent inédites ».

Au moment où les neuf Maisons de la Culture ouvertes entre 1960 et 1968 fêtent leur cinquantième anniversaire, nous vous proposons de revenir sur ce grand projet fondateur du Ministère et ce qu’il en est advenu avec la projection du film « Le rêve d’une culture partagée : une aventure havraise » (Scotto productions).

La projection sera suivie d’un débat avec le public au cours duquel nous poserons la question :

Quels lieux pour la culture aujourd’hui ?



NB Ce film a déjà été présenté le vendredi 17 mars 2017 à l’amphithéâtre Buffon de l’Université Paris Diderot dans le cadre des journées Diderot « Culture et Politique » du Master « Politiques culturelles » (Université Paris Diderot) et Cultures initiées par l’axe « Art, culture et politique » et  du Comité d'histoire du Ministère de la culture et de la communication sur les politiques, les institutions et les pratiques culturelles.


Les Maisons de la Culture en France,

projet de démocratisation et décentralisation culturelle

 « En 1961 ouvre la maison de la culture du Havre, puis celle de Caen, Bourges, Théâtre de l’Est Parisien (TEP), Amiens, Thonon, Firminy, Grenoble. Les premières d’entre elles ont été réalisées à partir d’équipements qui n’avaient pas été conçus pour cela : un musée (Le Havre), un théâtre (Caen), un palais des congrès (Bourges, Thonon), un cinéma (le TEP) ; seules celles d’Amiens et de Grenoble ont été conçues comme telles. De nouvelles maisons de la culture ouvriront ensuite à Nevers, Reims, Rennes, Saint-Étienne, etc. qui seront conçues de plus en plus comme les bases et points forts d’un réseau d’action culturelle à l’échelle de tout le pays.

Enfin, exception faite du TEP, qui est une réalisation de l’État, les maisons de la culture sont financées en principe à parts égales par l’État et par chacune des villes intéressées. Elles sont gérées par des associations dans lesquelles l’Etat et les villes sont représentés, mais minoritaires, et dirigées sur le plan artistique par un animateur ».

Chronologie

15 mai 1959 → Ministre d’État chargé des Affaires culturelles depuis janvier 1959, André Malraux évoque au Festival de Cannes les cinés-club qui vont être créés dans les futures Maisons de la culture : « […] avant trois ans, dans tous nos départements, chaque Maison de la culture possédera son ciné-club. »

19 janvier 1960 → Inauguration de la Maison de la Culture de Béthune par Gaëtan Picon (directeur général des Arts et Lettres) : « La culture, c’est la diffusion de la création »

1961  →  André Malraux étrenne la première Maison de la culture au Havre quand le IVe Plan (1962-1965) en prévoit la création d’une vingtaine en quatre années.

« Vous aurez, nous dit-on, quatre, cinq ou six maisons de la culture avec le Ve Plan. Mais il ne s’agit pas du tout d’avoir quatre, cinq ou six maisons de la culture. Il ne s’agit pas d’avoir une jolie maison à Amiens où nous mettons des Fragonard. Il s’agit de faire ce que la IIIe République avait réalisé, dans sa volonté républicaine, pour l’enseignement ; il s’agit de faire en sorte que chaque enfant de France puisse avoir droit aux tableaux, au théâtre, au cinéma, etc., comme il a droit à l’alphabet. » (extrait du discours d’André Malraux à l’Assemblée nationale le 27 octobre 1966).

24 juin 1961 → Inauguration de la Maison de la culture du Havre.

« Il n’y a pas une maison comme celle-ci au monde, ni même au Brésil, ni en Russie, ni aux États-Unis. Souvenez-vous, Havrais, que l’on dira que c’est ici que tout a commencé. » (André Malraux, extrait du discours d’inauguration)

11 décembre 1961 → Décret portant création de la Direction du théâtre, de la musique et de l’action culturelle avec Émile-Jean Biasini à sa tête.

Octobre 1962  → Émile Biasini rédige le rapport « Action culturelle An I : 1961-1962 »

24 avril 1963 → Ouverture du Théâtre-Maison de la culture de Caen.

18 avril 1964 → Inauguration de la Maison de la culture de Bourges : « Il faut que nous puissions rassembler le plus grand nombre d’œuvres pour le plus grand nombre d’hommes ». (André Malraux, extrait du discours d’inauguration)


14 mai 1965 → Discours du Général de Gaulle à la Maison de la culture de Bourges.

18 septembre 1965 → Inauguration de la Maison de la culture de Firminy- Vert.

Juin 1966 → Ouverture officielle de la Maison de la culture de Thonon.

19 mars 1966 → Inauguration de la Maison de la culture d’Amiens.

« Maintenant, mesdames et messieurs, c’est à cela que je fais appel : il n’y a pas, il n’y aura pas de Maisons de la Culture sur la base de l’État ni d’ailleurs de la municipalité; la Maison de la Culture, c’est vous. Il s’agit de vouloir si vous voulez le faire ou si vous ne le voulez pas. Et, si vous le voulez, je vous dis que vous tentez une des plus belles choses qu’on ait tentées en France, parce qu’alors, avant dix ans, ce mot hideux de Province aura cessé d’exister en France. » (André Malraux, extrait du discours d’inauguration)

27 octobre 1966 → Extrait de l’intervention d’André Malraux à l’Assemblée Nationale sur le budget des affaires culturelles :

« Religion en moins, les Maisons de la culture sont les modernes cathédrales : le lieu où les gens se rencontrent pour rencontrer ce qu’il y a de meilleur en eux. Sachez que chaque fois que nous en bâtissons une dans une ville moyenne, nous changeons quelque chose d’essentiel en France. […] Pour le prix de vingt-cinq kilomètres d’autoroutes, nous maintenons que la France qui a été le premier pays culturel du monde en son temps, qui est en train de refaire des expériences sur lesquelles le monde entier a l’oeil fixé, la France pour cette somme misérable, peut, dans les dix ans qui viendront, redevenir le premier pays culturel du monde. »

13 février 1968 → Inauguration de la Maison de la culture de Grenoble.

« La maison de la culture ne répond nullement à un besoin de distraction. […] la première raison d’être de cette maison de la culture, c’est que tout ce qui se passe d’essentiel à Paris doit se passer à Grenoble. […] tout ce qui appelle la participation du public est bon. » (André Malraux, extrait du discours d’inauguration)

1968 → Création des Centres d’action culturelle (CAC).  Le premier ouvrira le 1er avril au Creusot.

Mai 1968 → Durant les événements de mai 68, les maisons de la culture focalisent la crise culturelle qui se manifeste dans la société toute entière. « L’effroyable dossier des maisons de la culture » titre la revue Paris Théâtre en 1970. Leurs détracteurs estiment que ces institutions sont mises au service d’une culture « bourgeoise ».

21 décembre 1968 → Inauguration de la Maison de la culture de Rennes.

2 avril 1969 → La direction du Théâtre et des Maisons de la culture prend le nom de direction des Spectacles, de la Musique et des Lettres (décret n° 69-297, JO du 4/04/1969)

13 mai 1969 → le Bureau des maisons de la culture est placé par un arrêté sous l’autorité du directeur chargé de l’Action culturelle (JO du 20/05/1969)

1969 → Ouverture de la Maison de la culture de Nevers

1969 → Inauguration du Centre éducatif et culturel d’Yerres (Essonne)

21 novembre 1971 → Ouverture de la Maison de la culture de Châlon-sur-Saône

« Dans une Maison de la culture il ne suffit pas de proposer l’accueil au public : il faut aller au public. Il y a un véritable échange, il y a une double communication. Il faut éviter que la culture, à cet égard, apparaisse comme quelque chose de réservé à quelques-uns, il faut au contraire qu’elle soit orientée seulement vers la possibilité de donner, de communiquer avec le passé, mais qu’elle soit aussi conçue comme une possibilité de comprendre le présent et le futur. Il faut qu’elle soit la source, pour l’homme, de retrouvailles avec lui-même et, par là, de retrouvailles avec les autres. […] » (Jacques Duhamel, extrait du discours d’inauguration)

1975 → Une trentaine de Centre d’action culturelle ont été créés sur le territoire.

Novembre 1977  → Création de la nouvelle association de la Maison de la culture d’Angers.

1979  → Avec l’avènement de la Direction du Théâtre et des Spectacles, la tutelle des établissements d’action culturelle est transférée à la nouvelle mission du développement culturel.

19 février 1980 → Ouverture de la Maison de la culture de Bobigny.

1981 →  Le réseau est composé de 14 Maisons de la Culture et de 38 CAC (52 établissements).

1983 → Naissance des Centres de développement culturel (CDC) aidés par l’État.

1987 → Inauguration de la Maison de la culture de Chambéry.

1990 → 58 établissements au total (8 Maisons de la culture, 25 CAC et 25 CDC) sont regroupés sous l’appellation Scène nationale et l’Association des Scènes nationales voit le jour à Malakoff.

1991 → Officialisation du label “Scène nationale” par Bernard Faivre d’Arcier, directeur du Théâtre et des Spectacles (1989-1992).

Depuis 1991 → 71 Scènes nationales sont implantées sur l’ensemble du territoire français.